jeudi 2 octobre 2014

Côté PMA : Vous allez devoir aller en FIV !!

"Vous allez devoir aller en FIV Messieurs Dames. Je ne peux plus rien pour vous. Contactez le Professeur Machin à l’hôpital de Tataouine les bains."

Voila la réponse que nous a offert notre gynécologue (incompétent je le rappelle), début 2006, après quasiment 2 ans de suivi. Donc après m'avoir opéré et charcuté, m'avoir collé en ménopause artificielle pendant 9 mois au lieu de 3 (il s'était planté de dosage sur l'ordonnance) m'avoir fait prendre 20 kg en un an avec sa fichue ménopause artificielle, il nous lance ça pleine figure, nous raccompagne à la porte et démerdez vous !!!



Nous rentrons de l'hôpital en voiture, il est tard. Je pense que nous essayons individuellement de digérer ce que nous venons d'entendre et de vivre. Ma préoccupation première n'est bizarrement pas le fait de ne pas pouvoir tomber enceinte naturellement. Je crois qu'au fond de moi, je le savais et l'avais compris depuis longtemps. 

Mais j'ai peur. Je sens Philippe très distant. A ce moment là, je me dis qu'il va me quitter, ce qui me parait tellement logique finalement. Je ne pourrais peut-être jamais lui donner d'enfant.

Le mot FIV bat dans mes oreilles, je n'entends même plus la radio. Que ce silence est pesant.

Mais c'est quoi une FIV en fait, il nous a dit que l'insémination ne servirai à rien. C'est quoi la différence entre FIV et insémination ?? Comment on va faire ?? Faut appeler qui ?? Faut qu'on en parle !!!

Mais aucun son n'ose sortir de ma bouche, mes cordes vocales sont comme paralysées et retiennent mes larmes. Il est là, à côté de moi, il conduit, silencieux, je le connais par cœur, nous sommes ensemble depuis plus de 6 ans. Il s'est refermé, telle une coquille d’huître. Je sens tellement cette carapace que je la vois presque se dégager autour de lui. Je sais que ce n'est pas le moment de parler.

Pourtant ma boule au ventre me donne envie de crier. J'ai besoin d'un mot, d'une phrase, juste un petit mot de réconfort, pour lui, pour moi.

Juste qu'il me dise : "ça va aller"
Juste que je lui dise : "ça va aller"

Mais ma gorge est nouée, j'ai tellement peur !!! Cette nouvelle nous laisse seul, chacun avec nos propres pensées, nos propres peurs. Nous arrivons à la maison, toujours en silence. Philippe part directement à la douche et se met devant la télévision. Je n'ose toujours pas parler. Si j'ouvre la bouche, je vais fondre en larme. 

Après le repas, j'ose un petit "est-ce-que ça va ? Il me répond oui sans même me regarder. Nous restons silencieux devant un épisode des Experts Las Vegas. Je décide d'aller me coucher. Je l'embrasse. Il me rend mon baiser. 

Une fois dans le noir, je fond en larme, silencieusement, pour qu'il ne m'entende pas. Je ne trouverai pas le sommeil. Je suppose que Philippe non plus mais nous avons fait comme si, côte à côte dans le lit, sans nous toucher, sans rien nous dire, chacun dans son coin.

Ce silence durera presque une semaine. J'ai craqué, j'ai fini par lui demander à quel moment il allait m'annoncer qu'il me quittait. Il n'a pas répondu de suite, il a réfléchi, de longues minutes, sûrement à comment il allait formuler sa réponse. Puis m'a dit qu'il y avait effectivement pensé mais qu'il ne le ferait pas ça m'a laissé sans voix, sans savoir quoi penser. Le doute s'installe forcément,  et s'il changeait d'avis !!

Cette semaine restera gravée en moi toute ma vie. Cette douleur, cette peur sont ancrées en moi comme un tatouage. Et pourtant, il est toujours là, et il est aujourd'hui mon mari depuis 2008. Mais la culpabilité me rongera toujours. Ces épreuves, il ne les avait pas demandé, je les lui ai imposées. Mais il est là. Nous n'avons toujours pas d'enfant, FIV, don d'ovocytes, adoption ... 

Un combat, car c'est cela dont il s'agit. Et nous faisons ce combat à deux. Il a réfléchit une semaine. Et alors ? Qu'est ce que c'est qu'une semaine pour une décision qui aura influé toute sa vie en ma compagnie. J'ai tellement de respect.


Je rendrais hommage à tous ces couples qui se perdent, en leur disant que ce n'est pas leur faute, ces épreuves sont violentes, inacceptables et mettent souvent les couples à trop rude épreuve.
Je profite aussi de cet article pour mettre en avant ces hommes et ces femmes, qui malgré la stérilité de leur conjoint ne baissent pas les bras et les accompagnent jusqu'au bonheur.

A mon mari, Je t'aime !!



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